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samedi, 29 août 2015

Les Moments littéraires n° 34

Gilbert Moreau, l’infatigable animateur de cette revue de l’écriture intime, reste fidèle à sa formule : un auteur principal, auquel il consacre un dossier et un entretien, quelques auteurs invités (avec souvent des extraits de journaux), des critiques de livres. Ce numéro 34 est centré sur Colombe Shneck, présentée par Jean-Noël Pancrazi.

Journaliste de radio et de télévision, réalisatrice de documentaires, Colombe Shneck est surtout l’auteur d’une œuvre littéraire essentiellement tournée vers la chronique familiale avec un thème récurrent : le secret de famille. Depuis L’Increvable Monsieur Schneck, elle poursuit son travail de mémoire familiale avec Val de Grâce et La Réparation. Avec Dix-sept ans, elle révèle un secret personnel : celui de son IVG. Sa première fiction, Sœurs de Miséricorde, paraît en cette rentrée 2015.

L’histoire de sa famille juive est pleine de terribles secrets, qui lui furent cachés par ses parents afin de lui donner une enfance heureuse. La guerre et la déportation, la mort des proches dans les camps, le grand-père coupé en morceaux (affaire qu’elle découvre dans un vieux Paris Match !). Mais dit-elle, « ce n’est pas parce que les choses ne sont pas exprimées clairement que les enfants ne les savent pas. Ils devinent tout. »

Son œuvre est une recherche de la vérité et de la sincérité, dans une démarche qu’elle partage avec Annie Ernaux, l’un de ses modèles : « C’est une écriture que j’aime. Raconter les faits sans se donner le beau rôle, en étant capable de raconter l’humiliation, la honte, ne pas se mentir, être sincère, c’est quelque chose que j’admire, que j’essaie de reproduire. » Ce riche entretien se poursuit avec un texte de l’auteur, « La glace à la pistache », souvenir de ses relations avec son éditeur Jean-Marc Roberts.

Dans la deuxième partie de la revue, Hervé Ferrage nous livre des extraits d’un Carnet du 11 septembre, tracé pendant les jours qui ont précédé et suivi la catastrophe de New York. Claire Dumay analyse sa relation à l’écriture : « J’écris, je continue à écrire, j’écrirai quand bien même je serai peu lue. »

 

Les moments littéraires n° 34, BP 30175, 92186 Antony Cedex.12 €.

http://lml.info.pagesperso-orange.fr 

lundi, 20 avril 2015

Les moments littéraires n° 33

les moments littéraires,lydia flemS’ouvrant sur un portrait composé par Claude Burgelin, le numéro 33 des Moments Littéraires consacre son dossier à Lydia Flem, écrivain et photographe, auteur d’essais sur Freud et Casanova ainsi que d’une trilogie familiale (Comment j’ai vidé la maison de mes parents, Lettres d’amour en héritage, Comment je me suis séparée de ma fille et de mon quasi-fils).

Encore étudiante, Lydia Flem a été l’assistante de Ménie Grégoire pour son émission La Responsabilité sexuelle. Une expérience enrichissante, à l’issue de laquelle elle se dit « qu’il fallait trouver d’autres réponses que la radio, que cela ne pouvait être un show. » Elle devient psychanalyste, en réaction à cette « absence, durant sa toute petite enfance, de mots pour exprimer les traumatismes de sa famille ». Une tragique histoire familiale : grand-père exilé de Russie et assassiné, mère déportée à Auschwitz, père prisonnier des nazis. Dans son entretien avec Gilbert Moreau, elle précise : « Du côté de mon père, il n’y avait quasiment rien à transmettre et ce rien me pèse toujours comme l’absence de tombe pour mes grands parents. D’ailleurs, si mes parents ont tant accumulé au cours de leur vie, c’était sans doute pour former un rempart contre le vide qui les avait précédés ».

Suivent quelques textes, dont une Lettre à Paul Celan, que sa mère a connu dans sa jeunesse. Lydia Flem évoque cette rencontre. « Avant la guerre, à Tours, tu avais deux amis, l’un s’appelait Marcel, l’autre Paul. Tu aimais le premier, le second était amoureux de toi. Quarante ans après la guerre, tu appris incidemment ce qu’il advint de ce dernier. Tu en fus bouleversée. Je t’en voulais d’avoir préféré le pharmacien au poète. Je lui adressai une lettre imaginaire. »

Ce numéro contient aussi des extraits du Cahier du peintre Serge Poliakov. Quittant la Russie, il s’installe à Paris en 1923. Ses notes et aphorismes témoignent de l’intensité de sa recherche artistique.

« Contrôlez votre imagination, ne lui laissez pas libre cours, sinon elle vous mènera au chaos. »

« Un tableau doit être monumental, c’est-à-dire plus grand que ses dimensions. »

« C’est une erreur d’attendre l’inspiration. Elle ne vient qu’au cours du travail incessant. »

 

Les Moments Littéraires, BP 30175, 92186 Antony Cedex. 12 €.

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jeudi, 14 août 2014

Les moments littéraires n° 32

les moments littéraires,cécile reimsDeux fois par an, la revue Les moments littéraires dirigée par Gilbert Moreau nous propose un dossier sur l’écriture intime. Le dernier numéro est consacré à Cécile Reims, artiste (graveur) et auteur au parcours atypique, née en 1927 à Paris de parents d’origine lituanienne. À la mort de sa mère, quelques semaines après sa naissance, son père décide de la confier aux grands parents maternels qui vivent en Lituanie. Une enfance merveilleuse et magique avant le retour à six ans à Paris auprès de son père. Juive, elle voit sa famille anéantie pendant la dictature nazie. Après la Libération, elle part en Israël pendant 18 mois, avant de revenir en France pour raisons de santé. En 1951 elle rencontre Fred Deux, dessinateur et écrivain (Les moments littéraires lui ont consacré le numéro 22), qu’elle épouse en 1956. Elle se met à la gravure avec Joseph Hecht, puis commence le tissage, entre autres pour des raisons alimentaires ; elle y rencontre un grand succès, travaillant notamment pour Dior. Puis elle abandonne cet artisanat pour revenir à la gravure, dans l’anonymat, en gravant les dessins de Hans Bellmer (travail bien rémunéré mais « clandestin », toujours signé par Bellmer, notamment pour des raisons de cote de l’artiste). Enfin, travaillant avec Fred Deux, ou seule, elle peut enfin affirmer son originalité au burin et à la pointe sèche, entre une gravure personnelle et la gravure d’interprétation.

L’écriture est venue tardivement, elle choisit l’autobiographie plutôt que la fiction car, dit-elle, « je n’ai aucun imaginaire et mon esprit n’est pas poétique ». Après L'Épure, édité en 1962, elle publie Bagages perdus (1986), Plus tard (2002), Peut-être (2010) et cette année, Tout ça n'a pas d'importance.

Le dossier s’ouvre par un portrait signé Pierre Wat, se poursuit par un long et passionnant entretien avec Gilbert Moreau. Suit un texte de Cécile Reims, « La ligne d’horizon », où l’on retrouve les thèmes du procès et de l’identité.

Signalons par ailleurs dans cette livraison des extraits du journal d’André Bay, « Vieillir, mourir », que l’auteur a tenu en 1996, l’année de ses 80 ans. Il évoque les atteintes de l’âge et l’approche de la mort, sans rien dissimuler de ses misères, mais en gardant lucidité et combattivité. « Il ne faudrait pas que penser à la mort m’empêche de vivre. »

 

Les moments littéraires n° 32. BP 30175, 92186 ANTONY Cedex. 12 €.

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jeudi, 20 février 2014

Les moments littéraires n° 31

lml31.jpgLa revue de Gilbert Moreau consacre son dernier numéro à Diane de Margerie. Romancière, critique littéraire, nouvelliste, traductrice, biographe, elle est l’auteur d’une œuvre diverse qui donne une large place à une certaine forme d’autobiographie. Sa jeunesse est marquée par l’errance, son père étant diplomate. Après Berlin, Londres, elle se retrouve à Shanghaï puis à Pékin au moment de l’invasion japonaise. Le père Theillard de Chardin, jésuite, en exil à Pékin, est son professeur de physique et lui prodigue ses conseils. Elle se retrouve ensuite en France, puis à Rome, où elle rencontre Alberto Moravia. Avant de se fixer à Chartres, lieu où elle écrit. « Quand j’ai fait le choix de venir habiter à Chartres, j’ai beaucoup pensé à Pékin. Je me demande s’il n’y a pas une sorte de réminiscence architecturale qui m’a fait aimer tellement cette ville où l’on accède au lieu sacré de la Cathédrale en traversant des ponts tout comme à Pékin où, pour me rendre à la Cité Interdite, je devais emprunter des ponts de marbre. » Elle livre sa conception de la littérature, qui ne doit pas « tout dire » : « L’intérêt du lecteur n’est pas qu’on lui serve tout le dicible. Ce qui l’intéresse et ce qui l’accroche, c’est le secret et l’indicible ; il doit donc décrypter. Je trouve qu’une littérature qui prétend tout dire est une littérature pauvre, sans poésie, répétitive, sans évasion. Les textes sont comme des fruits dont il faut extraire le suc. Le suc, c’est l’intime. »

Le dossier introduit par une belle étude de René de Ceccatty (« Les cinq portes de la fraternité poétique ») se compose d’un long entretien de Diane de Margerie avec Gilbert Moreau et d’un extrait d’une étude sur Proust, « Relation fraternelle : relation ambigüe ? », où elle s’interroge sur la disparition du frère Robert, cadet de deux ans de Marcel, dans La Recherche. « M'intrigue plus que jamais l’énigme de cette œuvre où Robert est effacé – « scotomisé » disent les psychanalystes. Quel travail mental ce dut être que de reprendre toute l’atmosphère de l’enfance et d’Illiers en effaçant Robert, le petit frère, forcément présent. »

Des extraits de journaux d'Anne Serre et de Katherine L. Battaiellie complètent ce passionnant numéro.

 

Les moments littéraires n° 31. BP 30175 92186 ANTONY Cedex. 12 €.

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mercredi, 14 août 2013

Les moments littéraires n° 30

 

les moments littéraires,catherine robe grillet

À l’occasion des 15 ans de la revue de l’écrit intime Les moments littéraires, Sempé a illustré la couverture du numéro 30. Cette livraison est consacrée principalement à Catherine Robbe-Grillet, avec un portrait signé Catherine Corringer, un entretien avec Gilbert Moreau et un texte inédit. L’œuvre littéraire de Catherine Robbe-Grillet se présente sous la forme d’un diptyque avec, d’une part, ses récits où dominent ses expériences de maîtresse de cérémonie sadomasochiste et, d’autre part, ses écrits intimes (journal et correspondance). Dans l’entretien préliminaire où elle évoque sa vie avec l’écrivain Alain Robbe-Grillet, elle livre un aperçu intéressant sur la censure : « Jusque dans les années 70, la censure était le fait de l’État. Aujourd’hui, il n’y a presque plus de censure d’État, la relève a été prise par des associations de défense de minorités, ou considérées comme telles. » Dans ce même numéro, on pourra lire également un témoignage hallucinant de Jeanne Hyvrard sur la vie d’enseignant dans un lycée de banlieue, et un texte présenté par Philippe Lejeune et Catherine Viollet : Gnothi sauton, qui fut en Allemagne une revue annuelle dirigée par Karl Phillip Moritz de 1783 à 1793, composée uniquement de textes autobiographiques et de témoignages, destinée à servir de base à une « science de l’expérience de l’âme ».

En 15 ans, Les moments littéraires ont publié 140 auteurs, connus ou inconnus.

Signalons que la revue édite aussi un deuxième hors-série, « Objet du livre », consistant en un livre et un DVD autour de l’artiste Max Gold. Ce potier a laissé une pièce de quarante mètres carrés où durant trente ans une sédimentation d’objets a envahi l’espace, contenant transformé en un ouvrage singulier dont aucun élément ne peut être enlevé, une sorte de tableau en trois dimensions. L’homme se révèle progressivement à travers ces reliques. Le livre et le film sont d’Hélène Gold.

 

Les moments littéraires n° 30, BP 30175, 92186 ANTONY cedex. 12 €.

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mercredi, 20 février 2013

Les moments littéraires n° 29

La 29e livraison de cette revue passionnante (c’est la seule revue que je lis chaque fois de la première à la dernière page !) consacre un dossier à Georges-Arthur Goldschmidt, écrivain, essayiste et traducteur de Kafka et de Handke. Né en 1928 dans une famille de Hambourg d’origine juive convertie au protestantisme, imprégné de culture allemande, il découvre à 15 ans, alors qu’il est réfugié en France, sa judéité. Son œuvre autobiographique revient inlassablement sur ces années adolescentes, et la construction de sa personnalité entre onanisme et châtiments corporels. Georges-Arthur Goldschmidt (GAG pour les intimes) a choisi d’écrire en français, car « tout ce qui était allemand recelait une vague menace ».  Comme la France, pays de l’exil salvateur, la langue française lui apparaît comme un refuge durable, la langue maternelle étant celle de la persécution, et la langue adoptive celle d’une nouvelle naissance. Dans un entretien avec Gilbert Moreau, il affirme qu’ayant survécu, son existence est une chance. « J’ai toujours considéré ma vie comme un cadeau qui m’était fait, auquel je n’avais pas droit. Pour moi, vivre est tous les jours une surprise, presque une action de grâce. Je suis dans l’illégitimité ». Le dossier livre un extrait d’un texte inédit, Épisodes.

On découvrira aussi dans ce numéro des lettres de Marcel Jouhandeau adressées à Jean Donostia (auteur bien oublié dont Les moments littéraires ont parlé dans le précédent numéro), une réflexion de Denis Grozdanovitch sur le surréalisme à l’occasion de sa découverte au cimetière de Bailleul de la tombe de Léona Delcourt, la Nadja de Breton, et les chroniques attentives d’Anne Coudreuse.

Les moments littéraires n° 29, BP 30175, 92186 Antony Cedex. 12 €

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mercredi, 22 août 2012

Les moments littéraires n° 28

Le numéro 28 de cette toujours passionnante revue animée par Gilbert Moreau nous offre deux belles rencontres : Philippe Forest et Jean Donostia.

Philippe Forest, qui enseigne à l’université de Nantes, est essayiste (sur Aragon, Sollers, Tel Quel) et romancier. Toute l’œuvre de cet auteur nait d’une disparition : celle de sa fille Pauline, à l’âge de quatre ans. Selon Michaël Ferrier, « loin de céder à l’idéalisation et à la consolation par les mots, Forest écrit des romans violents, racontant la mort sous son visage le plus inacceptable – la description de la mort de sa fille dans L’enfant éternel est l’une des plus terribles de tout le roman français. »

Jean Donostia, décédé en 2003, inconnu et oublié (deux romans publiés en 1960 et 1973 chez Calmann-Levy) est l’auteur d’un Journal dont les extraits reproduits sont d’une grande qualité. Philippe Lejeune, spécialiste de l’autobiographie, présente cet auteur qu’il a rencontré dans le cadre de l’APA (association pour  l’autobiographie). « Qu’avait fait dans la vie Jean Donostia, à part être écrivain inconnu ? Apparemment, rien. Un métier ? Les hasards d’une naissance illégitime l’en ont dispensé. Son père ne l’a pas reconnu, mais l’a richement doté. » Vivant à Cannes, ville qu’il détestait, il tenait une correspondance avec Marcel Jouhandeau et Simone de Beauvoir. Même s’il fait la part un peu trop belle à son désespoir et ses maladies, Donostia sait trouver de superbes formulations : « Quand on s’ennuie, pourquoi vouloir se joindre à quelqu’un qui s’ennuie aussi ? Les deux ennuis ainsi réunis, s’augmentent l’un de l’autre, à la façon de deux et deux mis côte à côte qui font vingt-deux » ou, après avoir retrouvé par hasard et « subi » un ancien camarade d’école : « Je ressors toujours de ces épreuves aussi plat qu’une blatte, et aussi humble, avec la même envie de courir vite, le long des murs, pour m’échapper. » Cette découverte touchante est l’occasion de s’interroger sur la frontière très étroite qui sépare l’écrivain qui a réussi de celui qui a échoué.

 

Les moments littéraires n° 28, BP 30175, 92186 Antony Cedex. 12 €

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